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| Il y a une question dans “Je t'aime”. {Free} | |
| | Auteur | Message |
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Alienor J. Tamblyn
Contradictory girl living in Neverland
.âge : 33 .date d'inscription : 22/05/2009 .messages : 41 .credits : Bittersweet N.
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| Sujet: Il y a une question dans “Je t'aime”. {Free} Dim 7 Juin - 18:36 | |
| Il y a mourir dans “Je t'aime”, il y a je ne vois plus que toi ; mourir au monde, à ses poèmes, ne plus lire que ses rimes à soi. Un malhonnête stratagème : ces mots là n'affirment pas. Il y a une question dans “Je t'aime” qui demande “Et m'aimes-tu, toi ?”
J.J. Goldman.
Ne pas tenir l'alcool. En y pensant, c'était absolument débile comme expression. Ne pas tenir l'alcool ; alors que n'importe qui pouvait le tenir. Dans une bouteille. Il suffisait de refermer ses doigts sur le verre, et c'était bon, on le tenait. Métaphore tout à fait stupide, tout comme avoir l'alcool mauvais. Certainement des expressions inventées par des gens qui ne buvaient jamais, des bien-pensants moralisateurs. Sûrement. Toujours était-il qu'elles s'étaient ancrées dans le quotidien et qu'on les utilisait régulièrement. Et ça n'enlevait rien au fait que l'alcool était effectivement un vice, ainsi qu'un fléau. Et que l'alcool venait de gâcher la soirée d'Alienor, qui poussa un énorme soupir empli de désespoir alors que Lewis se remettait à massacrer pour la douzième fois de la soirée l'hymne du pays ; en remplaçant les paroles d'origine pas des obscénités inavouables. Tout à fait charmant. Elle fit volte-face et revint sur ses pas pour rejoindre son ami, accroché à un réverbère, et l'attrapa par le bras pour l'enjoindre à reprendre son chemin. « Allez, viens... On est bientôt arrivés chez toi. Et arrête de chanter, par pitié ! » « J'm'arrête si j'veux ! J't'ai rien d'mandé, Nora... Rien du tout. » Néanmoins, il se laissa entraîner et reprit son chemin, lourdement appuyé sur l'épaule de la demoiselle qui se demandait mentalement ce qu'elle avait bien pu faire au ciel pour en arriver là. Être coincés dans Londres était une chose ; devoir ramasser les pots cassés parce que ses amis noyaient leurs craintes dans l'alcool en était une autre. Elle avait simplement voulu passer une soirée tranquille avec eux, mais comme bien souvent, ils s'étaient laissés emporter. Elle-même sentait qu'elle avait l'esprit un peu embrumé par les effluves de l'alcool et de la cigarette, mais elle se sentait encore suffisamment lucide pour savoir se montrer responsable. Il n'était que minuit, mais elle avait insisté pour raccompagner Lewis chez lui. Dans l'état où il était, elle n'était même pas sûre qu'il se souvînt de l'endroit où il habitait, alors le laisser prendre un taxi tout seul... C'était exclu. Elle avait une expression pour ça : trop bon, trop con. Elle était la douce, la serviable Alienor qui maîtrisait toujours tout et qui était là pour les aider en cas de pépin ; celle vers qui on se tournait quand quelque chose n'allait pas. Celle sur qui on comptait, pour tout. C'était assez ironique, d'ailleurs, de constater que ce sentiment de confiance et de dépendance n'allait que dans un sens. Elle n'aimait pas se reposer sur les autres ; elle aimait encore moins leur devoir quelque chose. Ils arrivèrent enfin devant l'immeuble où habitait Lewis, et elle fouilla dans les poches du jeune homme pour y trouver les clés de son appartement. Péniblement, ils parvinrent au cinquième étage - elle n'était pas certaine qu'il eût supporté un trajet en ascenseur - et lorsqu'ils pénétrèrent chez lui, elle le mena jusque dans sa chambre. Sans grâce aucune, il se laissa tomber sur son lit ; elle se contenta de lui retirer ses chaussures. Le temps d'aller lui chercher un verre d'eau et il s'était déjà endormi, enfoncé dans ses couvertures et un sourire absolument stupide aux lèvres. Stupide, mais attendrissant. Il aurait tout le temps de souffrir de gueule de bois le lendemain matin. Elle s'assit sur le bord du lit, poussant de nouveau un soupir. Elle s'était imaginée sortir jusqu'au matin après avoir passé la soirée à délirer et bavarder joyeusement avec ses amis. Et au final, elle était là, à jouer les mamans auprès de ce sombre imbécile qui s'était enivré en un quart de tour. C'était presque... récurrent. Lassant. Elle le contempla pensivement, un vague sourire aux lèvres malgré tout. Il était beau lorsqu'il dormait ; elle s'était souvent fait la remarque. Sans même qu'elle s'en rendît compte, ses doigts effleuraient légèrement la paume de Lewis. « Nora.. » Marmonnement presque indistinct qui s'était élevé. « Oui ? » répondit-elle doucement. « Tu m'manques. J't'aime tu sais, j'peux pas m'en empêcher. » Elle se demandait s'il parlait en dormant ; ou si l'alcool le poussait à dire ce qu'il avait sur le cœur. Quoiqu'il en fût, elle en eut la gorge nouée et ferma les yeux. « J'veux que tu reviennes. Je changerai, j'ferai des efforts pour que tu m'aimes... s'te plaît, Nora. S'te plaît. » Sa main cessa d'effleurer celle que Lewis ; elle se rendit compte qu'elle tremblait. Elle ne voulait pas avoir à entendre ça. C'était du passé, du moins c'était ce qu'elle se disait. Elle avait rompu et ils étaient restés amis, alors pourquoi n'arrivait-il juste pas à l'oublier ? A la voir seulement comme une amie. Une amie... qui lui avait brisé le cœur. Incertaine, elle glissa ses doigts dans les mèches sombres du jeune homme & se pencha vers lui. Exténué par l'alcool, il conservait les yeux fermés, oscillant entre sommeil & éveil. Elle l'embrassa avec tendresse sur le front et chuchota : « Dors, Lewis. Repose-toi, tu en as besoin. Ça ira mieux demain. » Et elle prit la fuite. Elle quitta l'appartement ; redescendit dans les rues de Londres, et s'enfuit. Loin de lui, loin des souvenirs qu'ils avaient eu ensemble. Elle ne l'avait pas aimé non plus, celui-là. Pas autant qu'il l'avait aimée, lui. Handicapée sentimentale, c'était comme ça qu'elle se voyait ; incapable de s'attacher vraiment. Ils étaient tous persuadés que le problème venait d'eux alors que non. Elle n'y arrivait juste pas. Quand ça marchait trop bien, elle prenait peur et fuyait. Parce qu'elle n'avait qu'une jeunesse, et qu'elle ne voulait pas s'enfermer dans une relation. Pas encore. Elle arriva devant Westminster & son parvis désert, et ce ne fut que lorsqu'elle leva les yeux vers les hautes tours de la cathédrale qu'elle prit conscience des larmes qui lui brouillaient la vue. Elle les chassa rapidement, d'un geste rageur. Mélancolie aggravée par l'alcool qui lui envahissait le cœur, jusqu'à la faire suffoquer. Le sang pulsait à ses tempes et elle prit le parti de s'asseoir, se laissant tomber sur les marches froides de la cathédrale. Ses dents s'entrechoquaient, à la fois à cause du froid et de l'angoisse qu'elle sentait doucereusement s'insinuer dans tout son être. Elle tremblait. Elle avait eu une journée affreuse ; la soirée ne semblait pas vouloir s'arranger. | |
| | | Seth L. Cullen
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| Sujet: Re: Il y a une question dans “Je t'aime”. {Free} Lun 8 Juin - 11:02 | |
| Seth n'avait pas l'habitude de sortir tard le soir, mais quand l'insomnie le prenait, il préférait quitter son appartement, même tard dans la nuit, et se promener à travers les rues vides de Londres. Les lueurs des réverbères sur les trottoirs et le silence nocturne avaient un don pour l'apaiser.
Il avait quitté son appartement de Paddington vers onze heures et demie, et depuis traversait les rues de Londres, sans autre but que de trouver le sommeil à un croisement de boulevard. Mais ce sommeil tant attendu n'arrivait pas à venir. Cela rappelait à Seth les nuits entières qu'il pouvait passer à fignoler un article qui devait être publié le lendemain, toutes ces nuits pendant lesquelles il avait lutté à grandes doses de caféine contre son envie de jeter ses brouillons à travers son appartement et de s'avachir sur son lit, encore habillé, pour trouver ce repos qui l'attendait. Mais le Destin faisait que son patron ne lui demandait jamais des gros articles les nuits pendant lesquelles l'insomnie le prenait.
Pendant ces nuits-là, il avait pris l'habitude de faire toujours le même trajet: un petit tour à travers Paddington, passant devant des jardins dont les senteurs étaient, même de nuit, très enivrantes. Des doux parfums de roses, même par la fraîcheur de ce mois de février, embaumaient l'air autour d'elles. Les arbustes et les buissons décoratifs que ces dames adoraient n'avaient pas encore de feuilles, leurs bourgeons dormaient encore, attendant un peu plus de redoux. Ce mois de février était en effet très froid, l'hiver encore bien présent, et ne souhaitant pas laisser sa place au printemps. C'était le temps idéal pour les soirées entre amis et les alcools chauds, mais Seth n'en avait pas envie.
Il préférait rester chez lui ou se promener dehors, se délectant de la morsure du froid sur son visage. Le gel se formait sur les vitres et les pare-brises des voitures garées le long du trottoir, dessinant des formes abstraites sur le verre glacé. De-ci de-là, on entendait le murmure lointain du moteur d'une voiture, quelques amis rentrant d'une soirée, le bruissement de pas et de rires, mais Seth était toujours seul dans les rues qu'il traversait.
Sans trop s'en rendre compte, Seth se retrouva devant la cathédrale de Westminster: la dernière étape de sa promenade nocturne. Après ceci, habituellement, il rentrait chez lui, et si le sommeil n'était pas venu, se prenait un cachet de somnifère et s'endormait pour le reste de la nuit.
Il ne se serait pas arrêté devant la cathédrale s'il n'avait entendu un gémissement, un soupir dépravé. Il tourna le regard vers les marches de la cathédrale, où se trouvait une jeune femme. Elle tremblait, dans le froid, assise à même la pierre froide. Bien qu'il fasse sombre et que des larmes aient coulé sur son visage, Seth la reconnut. C'était l'étudiante qui avait fait un stage avec lui.
Une vague de pitié l'envahit, il ne voulait pas voir celle qu'il considérait maintenant comme une amie aussi triste. Il s'approcha d'elle, s'assit à côté d'elle sur les marches. Il hésita à passer un bras autour d'elle pour la réconforter, cela, il ne savait pas le faire. Mais il ne voulait pas non plus la laisser ainsi seule, sans personne sur qui elle pouvait s'appuyer. ce n'était certes pas dans les habitudes de Seth d'aller volontairement aider le plus commun des mortels, mais Alienor était son amie.
"Alienor..." | |
| | | Alienor J. Tamblyn
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| Sujet: Re: Il y a une question dans “Je t'aime”. {Free} Jeu 11 Juin - 15:18 | |
| A nouveau, elle passa une main sur son visage, chassant les gouttes d'eau salée qui avaient coulé sur ses joues pâles. Elle était fatiguée, mais ça n'était pas vraiment une fatigue physique. Elle avait surtout envie de changement ; elle voulait être différente. Arrêter de faire souffrir les autres ainsi ; accepter qu'on s'attachât à elle sans éprouver le besoin de s'enfuir en courant. Car tout le monde finirait par lui tourner le dos si elle persistait à se fermer ainsi, elle le savait. Personne ne voulait demeurer avec quelqu'un qui était incapable de s'ouvrir avec sincérité, du moins elle-même ne l'aurait pas voulu. Fébrilement, elle replaça une mèche de cheveux derrière son oreille et tâta ses poches à la recherche d'un mouchoir. Elle en était à essayer de calmer sa respiration angoissée lorsqu'une silhouette s'approcha, et elle baissa aussitôt la tête pour dissimuler son visage lorsqu'elle reconnut Seth. Subitement, elle se sentit honteuse. Elle n'était déjà pas très fière d'elle-même en sortant de chez Lewis ; mais à présent elle avait simplement honte d'être vue aussi... faible. Elle ne se considérait peut-être pas comme quelqu'un de fort, mais au moins, elle parvenait généralement à dissimuler aux yeux du monde ce qu'elle ne voulait pas dévoiler. Ses états d'âmes en faisaient partie ; et elle regrettait d'avoir été ainsi surprise par l'homme qui venait vers elle. Elle avait froid et tremblait encore un peu ; lorsqu'il s'assit à ses côtés et murmura son prénom, elle prit quelques secondes avant de relever prudemment le visage vers lui. Elle espérait que la nuit dissimulerait ses yeux rougis et son regard triste, mais Seth était quelqu'un de suffisamment observateur pour ne pas s'y tromper. Et avec tous les réverbères qui diffusaient une lumière orangée plantés aux alentours de Westminster, on y voyait presque comme en fin d'après-midi. Elle était à la fois heureuse de le revoir, et mal à l'aise d'avoir été surprise ainsi, en train de pleurer sur les marches de la Cathédrale. Dans le genre mauvais film dramatique, on faisait difficilement mieux. Enfin. Sa présence lui changerait certainement les idées, et connaissant le caractère discret de celui qui s'était assis à côté d'elle, il ne lui poserait peut-être pas de questions. Un léger sourire vint arquer ses lèvres. « Bonsoir, Seth.. » murmura-t-elle doucement. Elle se souvenait encore de toutes les réflexions qu'on avait pu lui faire lorsqu'elle était arrivée au journal où il travaillait. Pour une raison qu'elle ignorait, on avait désigné Seth comme maître de stage ; et beaucoup de jeunes journalistes à peine plus âgés qu'elle - mais également de plus anciennes employées de la rédaction - étaient venus lui souhaiter bien du courage. Elle ne l'avait pas encore rencontré et pourtant, on le lui avait dépeint comme un misanthrope taciturne et impossible à cerner. A les entendre, elle avait bien cru ne jamais sortir vivante de ce stage. Et lorsqu'elle l'avait rencontré, elle avait été impressionnée par son charisme, cette espèce de force tranquille qui émanait de lui. Certes, elle avait également été intimidée, mais comme elle n'était pas du genre à se faire une idée sur quelqu'un uniquement à partir des ragots et on-dit, elle avait fait en sorte de se faire sa propre idée sur lui. Et elle devait bien avouer qu'il lui avait plu, énormément. Plus qu'elle ne l'avait laissé paraître. Le voir rembarrer les jeunes pigistes persuadés d'être les maîtres du monde l'avait plus d'une fois fait sourire, bien qu'elle se fût bien gardée de le lui montrer, ne sachant trop comment il le prendrait. Et puis, il connaissait son travail, cela ne faisait aucun doute. Elle avait énormément appris à son contact, et elle était heureuse que lui aussi ait apprécié les quelques semaines qu'elle avait passées avec lui. Il ne le lui avait pas dit clairement, mais elle l'avait senti. Peut-être s'était-elle trompée, mais le fait de le voir ce soir-là assis à ses côtés ne la poussait pas à remettre son jugement en doute. « Comment allez-vous ? » demanda-t-elle le plus naturellement du monde, et avec un intérêt non feint. Elle l'avait vouvoyé, chose assez paradoxale quand on voyait qu'elle l'appelait par son prénom en même temps. Mais c'était sa manière à elle de lui montrer qu'elle éprouvait de l'affection pour lui, tout en conservant en même temps un respect avoué à demi-mots. Et puis, elle n'osait pas le tutoyer, de peur qu'il se vexe ou s'échappe. Ça paraissait presque surréaliste. Elle était celle qui se trouvait sur les marches de Westminster, les joues humides de larmes, frissonnante de froid et de mal-être, et c'était pourtant elle qui lui demandait, à lui, comment il allait. Un moyen peu subtil d'orienter la conversation vers lui avant qu'elle ne dévie vers elle et ce qui la rendait triste. Mais elle n'y croyait pas vraiment ; car elle ne se trouvait pas en compagnie d'un jeune homme insouciant et inexpérimenté. Elle se trouvait en compagnie de Seth Cullen, qui ne se laisserait probablement pas tromper par ses airs détachés. Elle remonta ses genoux contre sa poitrine et les enserra de ses bras, comme pour se réchauffer, réalisant qu'elle avait oublié ses gants et son écharpe chez Lewis. Idiote. | |
| | | Seth L. Cullen
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| Sujet: Re: Il y a une question dans “Je t'aime”. {Free} Jeu 11 Juin - 21:01 | |
| Une voiture passa dans la rue, le ronronnement de son moteur brisant le silence nocturne. Elle tourna au coin de la place, la lueur de ses phares se dissipant dans le noir. Mais Seth n'y prêta pas attention. Il laissait son regard aller vers Alienor, attendant qu'elle dise quelque chose. Il savait, ou plutôt, il sentait que la jeune femme avait du vivre quelque chose de difficile durant cette soirée, et quoi que cela puisse être, il savait que la cause était privée, qu'il ne devait pas aller lui demander des détails. Seth avait pris pour habitude de régler ses problèmes par lui-même, n'allant demander conseil aux autres qu'en dernier recours, aussi il pensait qu'Alienor préférerait régler ce problème par elle-même. Il était là pour lui montrer qu'il la soutenait et qu'il était là si elle avait besoin de lui.
Quand elle tourna le regard vers lui, il ne s'étonna pas de voir les yeux doux de la jeune femme rougis par les larmes, la tristesse et le froid. Il savait que la trace d'une larme pouvait devenir brulante dès que la température descendait. Elle tremblait, sa nuque offerte à la morsure du vent, ses mains serrées l'une contre l'autre, comme pour conserver le peu la chaleur qui leur restait encore. Un sourire triste naquit sur ses lèvres... "Bonsoir, Seth..." Juste un murmure, soufflé dans le silence londonnien.
Ce simple "bonsoir" lui en rappelait d'autres, ceux qu'elle lui adressait certains soirs où ils travaillaient ensemble sur un même projet, ces "bonsoirs" qui introduisaient une grande et belle soirée de recherches et de réflexions pour un article. Ils avaient fait du bon travail ensemble, il lui avait fait confiance, il l'avait aidée à s'épanouir pendant ce stage. Alienor était une jeune femme intelligente, elle saurait s'en sortir et se démarquer en toutes circonstances. Du moins, dans son travail. Certes c'était une fille timide, qui pouvait se montrer intimidée, mais elle en avait les capacités. Elle savait toujours où était sa place, et n'allait pas s'élever au-dessus de sa position pour un succès, même exceptionnel. *Pas comme ces pigistes...* pensa-t-il. Alienor savait garder la tête froide, et préférait briller sans éblouir.
"Comment allez-vous?" Seth garda un moment avant de répondre. Dans ses moments là, même des mots qui semblaient innocents pouvaient avoir une toute autre signification pour l'être attristé. Il la savait en équilibre sur un fil en mouvement, à chaque instant prête à succomber à sa tristesse. Il ne fallait surtout pas lui demander comment elle allait... Seth prit finalement le parti d'essayer de lui faire penser à autre chose. Il la vit remonter ses genoux près d'elle, enserrant ses jambes de ses bras. Elle avait froid. Il avait un manteau chaud sur lui, et le pull qu'il portait dessous lui tiendrait chaud. D'un mouvement doux, il l'enleva de ses épaules, le posa sur celles d'Alienor, en commençant à parler, pour qu'elle ne le refuse pas immédiatement. "Et bien, je ne suis pas encore pris par le travail, mais je suis certain que le boss me trouvera un article difficile d'ici demain, tu sais qu'il a un don pour cela. C'est devenu difficile de trouver le sommeil de nos jours, je suis venu prendre l'air pour... bref, ça n'a pas grande importance. Chacun a ses problèmes..."
Elle n'avait pas refusé le manteau, et Seth voyait qu'elle se sentait déjà un peu mieux. Sa nuque s'était décrispée, elle s'était imperceptiblement détendue. "Tes études se passent toujours aussi bien?" Certes cette question n'était pas très originale, mais elle permettrait peut-être de poursuivre la conversation... sauf si la tristesse de la jeune femme avait un lien avec ses études... | |
| | | Alienor J. Tamblyn
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| Sujet: Re: Il y a une question dans “Je t'aime”. {Free} Sam 13 Juin - 11:06 | |
| Alienor avait toujours été très sensible aux odeurs. Chaque personne avait une odeur particulière, et lorsque certains se souvenaient des autres en fonction de la forme de leur visage ou du son de leur voix, elle se rappelait d'eux grâce à leurs odeurs. Lorsqu'elle pensait à quelqu'un, c'était presque comme si son odorat s'était mis à réagir en même temps. Ainsi, lorsque Seth ôta son manteau et le lui posa sur les épaules, son parfum vint aussitôt envahir tout l'air de la jeune femme, qui inspira profondément avant de bloquer sa respiration quelques secondes. Puis elle expira, soupirant d'aise en réalisant que le vêtement était chaud et lourd sur ses épaules. Elle avait secoué la tête en le voyant faire mine de l'enlever, voulant lui dire que ce n'était pas la peine de prendre froid pour elle, mais il s'était mis à parler sans lui laisser le loisir de protester. Refermant ses doigts fins sur les pans du manteau, elle les resserra autour d'elle, se protégeant de la légère brise d'hiver. Elle pouvait presque sentir ses muscles se détendre un à un sous la chaleur diffuse qui se répandait dans tout son être. Lorsqu'elle tourna la tête vers Seth pour écouter sa réponse, son regard exprimait à lui seul toute sa gratitude envers ce geste pourtant simple. Comme si le fait d'être enfin protégée de la morsure du froid avait dans le même temps atténué la douleur de son cœur. « Et bien, je ne suis pas encore pris par le travail, mais je suis certain que le boss me trouvera un article difficile d'ici demain, tu sais qu'il a un don pour cela. » « Oui, » répondit-elle en hochant la tête « mais je sais aussi que vous vous en sortirez haut la main, parce que même s'il ne vous le dira jamais, il vous considère comme l'un de ses meilleurs journalistes. » C'était d'ailleurs certainement pour cela que le « boss » - comme il l'appelait - l'avait envoyée faire son stage avec Seth. Beaucoup d'autres journalistes auraient été volontaires pour apprendre les ficelles du métier à une jeunette comme elle, mais au contraire des autres, Seth ne s'était pas contenté de lui apprendre, justement. Il lui avait permis d'essayer, vraiment. D'expérimenter tout ce qui faisait le métier de journaliste. Elle avait réellement pris part aux projets dans lesquels il était engagé, il avait écouté les idées qu'elle lui soumettait avec autant d'attention que si elle avait été une vraie collègue, en lui expliquant pourquoi elle partait sur de mauvaises pistes lorsque c'était le cas et en la gratifiant d'un hochement de tête approbateur lorsque ses suggestions étaient pertinentes. Contrairement à d'autres, il ne l'avait pas considérée comme une simple stagiaire assistante à qui on aurait seulement demandé d'aller faire du café, et cela, elle ne l'oublierait pas. « C'est devenu difficile de trouver le sommeil de nos jours, je suis venu prendre l'air pour... bref, ça n'a pas grande importance. Chacun a ses problèmes... » « Oui.. » répondit-elle, acquiesçant de nouveau. Il n'avait pas envie de s'étendre sur le sujet, tout comme elle n'avait pas envie d'aborder les raisons de ses larmes. C'était certainement pour cela qu'ils s'entendaient bien ; en dépit de cette amitié naissante, ils ne cherchaient pas à s'immiscer dans les affaires de l'autre. C'était d'ailleurs comme cela qu'elle concevait l'amitié : un respect mutuel, une affection qui s'entretenait malgré la distance, et non pas une invasion constante de la vie d'autrui. « Tes études se passent toujours aussi bien ? » Le sourire jusque là pâle et sans entrain de la jeune femme s'affermit et illumina doucement son visage. Voilà un sujet qu'elle voulait bien aborder, et qui lui changerait les idées. Certes, Lewis était dans la même filière qu'elle, mais ça n'avait aucune importance. Elle avait l'occasion de parler de quelque chose qui lui plaisait, vraiment. « Toujours ! Je trouve même que ça devient de plus en plus intéressant. Nos professeurs savent transmettre leur passion efficacement, c'est agréable. » Furtive, l'image de Maël, son professeur de littérature française, passa dans son esprit. Elle la chassa aussitôt, ne désirant pas s'y attarder, mais l'expression de son visage se fit certainement plus douce. Puis, fronçant les sourcils, elle ajouta : « J'étais censée passer quelques temps en France au printemps prochain, mais puisqu'on ne peut plus sortir de Londres... » Elle soupira. « Personne n'a encore compris d'où ça venait ? » Ça devenait inquiétant, cette espèce de champ magnétique qui enveloppait la ville... Ça n'avait pas l'air dangereux pour la santé des habitants - tant qu'ils ne s'en approchaient pas ! - alors la panique des premiers temps s'était apaisée, mais tout de même... Enfermés dans une ville, sans pouvoir en sortir. Certes, Londres était très grande, alors l'impression d'être en cage n'était pas oppressante, mais viendrait certainement un jour où les habitants deviendraient fous. Et puis, si personne ne pouvait y entrer où en sortir, tout allait en pâtir. L'économie, la politique... Elle frissonna légèrement, davantage sous le coup de l'inquiétude que du froid. | |
| | | Seth L. Cullen
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| Sujet: Re: Il y a une question dans “Je t'aime”. {Free} Dim 14 Juin - 18:17 | |
| "Tes études se passent toujours aussi bien?" C'était toujours agréable de voir le sourire d'Alienor. Un sourire doux, franc, qui la rendait encore plus belle. Seth ne s'était donc pas engagé sur une mauvaise piste en lui posant cette question. Alienor aimait ses études, et cela se voyait.
Les études... ce passage obligé vers la maturité et l'âge adulte, le moment où l'on apprend de quelle manière on va s'intégrer à la société. Ce n'est pas une période simple, c'est une période d'adaptation constante, que ce soit au niveau de la demande en travail, de l'investissement personnel ou encore des stages demandés... la période où l'on se faisait de nouveaux amis, ces mêmes amis qui auront une importance capitale par la suite. Seth se rappelait l'époque où il en était au même point qu'Alienor, cette période où il avait eu des désillusions, de nombreux doute, sur lui-même autant que sur la poursuite de ses études, avait souhaité changé d'orientation pour finalement revenir à son premier choix : le journalisme. Certes ce n'était pas un métier qui convenait parfaitement à la solitude de Seth, mais il convenait parfaitement à sa soif d'apprendre et à sa passion pour l'écriture. Quand il rédigeait un article, c'était comme s'il le rédigeait uniquement pour lui, sans penser aux personnes qui le liraient par la suite. Il essayait d'atteindre cette perfection, la manière dont il aurait voulu lire cet article, en tant que simple lecteur. C'était certes un travail difficile, ce qu'il écrivait ne le contentait pas totalement à chaque fois, mais il rendait toujours ses articles pour l'heure demandée. Et c'était vrai qu'il aimait cette petite angoisse... savoir si l'article conviendrait au boss, rester un moment debout devant son bureau, en attendant le verdict...
« Toujours ! Je trouve même que ça devient de plus en plus intéressant. Nos professeurs savent transmettre leur passion efficacement, c'est agréable. » « Je vais te dire une petite chose : quand un professeur n’aime pas ce qu’il fait, ça se sent, et ça ne donne pas aux étudiants l’envie d’apprendre. C’est toujours agréable, oui, qu’ils sachent vous donner tant de choses : la passion et la connaissance entre autres. »
Seth resta pensif un instant : malheureusement, il n’avait pas toujours eu, pendant ses études, ces professeurs passionnés qui ne considéraient pas leur métier comme un fardeau. Il était content qu’Alienor n’ait pas à subir ces professeurs-ci.
« Personnellement, ce qui m’a plus plu durant mes études, ça a été les stages que nous faisions à l’étranger. Apprendre d’une façon de vivre et d’une culture que nous ne connaissons pas tant que ça au fond, c’est quelque chose d’unique. Tu en as fait cette année ? » « J'étais censée passer quelques temps en France au printemps prochain, mais puisqu'on ne peut plus sortir de Londres... »
Une pensée traversa l’esprit de Seth : il avait déjà eu cette même remarque, envers un jeune homme… pas plus tard que la veille, il avait eu une violente altercation avec lui, dans cette même cathédrale de Westminster.
« Personne n'a encore compris d'où ça venait ? » « J’ai essayé de me renseigner également, mais rien n’en est ressorti. A croire que c’est une véritable malédiction qui s’abat sur Londres… Il doit forcément y avoir une explication pourtant… » Seth laissa un silence, soupira comme Alienor l’avait fait quelques instants plus tôt. C’était vrai que cette situation était inquiétante. Les londoniens étaient d’une certaine façon livrés à eux-mêmes dans une ville certes grande, mais qui était très peuplée. Il sentit son amie frissonner à côté de lui. De froid ou d’inquiétude ? sans doute un peu des deux. « C’est vraiment dommage que ça empêche ton voyage en France. Je n’ai encore jamais eu l’occasion d’y aller, mais on m’en a toujours vanté les beautés. Les Français sont tellement… uniques en leur genre ! »
Certes les Français aimaient la gastronomie fine et les plaisirs en tous genres, l’architecture et la philosophie, mais était-ce cela qui les rendait aussi différents du reste du monde ? c’était une grande question… « J’espère que tout cela se règlera vite, il y a tellement de choses en jeu… une ville comme Londres ne peut pas tenir un siège de ce genre très longtemps… » | |
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