.} Poison Beauty #_ Lulla as Snow White

Sept longues années s’étaient écoulées depuis cet incident. Sept très longues années qui étaient devenues de pis en pis pour la fratrie Heartfeels. Difficile de savoir pourquoi, ni comment mais l’on ne pouvait nier que les deux plus grands ne cessaient de changer, de jour en jour et pas vraiment dans le sens positif du terme. Mais à cette époque les liens n’étaient pas aussi tendus qu’ils le seraient deux ans plus tard : quand Nathaniel aura définitivement quitté le nid familiale, lassé de ses parents qu’il ne peut plus supporter, et Lexis, qui elle, sera devenue celle qui risque gros à jouer avec le plus dangereux des feux. Non pour l’instant les trois enfants, devenus maintenant adolescents, vivent toujours dans le quartier le plus huppé de Londres avec les personnes les plus snobs que cette ville est certainement pu porter. Quoiqu’il en soit c’est précisément à cette époque que tout à changer entre les sœurs et le frère.

Grincement de porte.

« Tu comptes rester encore longtemps derrière cette porte ? »
« Quoi ?! » Une seconde de silence qui lui parut durer des heures. « N..Non mais… mais… » Fichus mots qui ne voulaient pas quitter le fond de sa gorge. « C… Ce n’est pas ce que tu crois ! » Désespérant.
« Et si tu entrais plutôt non ? »

D’un geste lent Lexis poussa la porte de la chambre de son frère, rouge comme une pivoine. Comme toujours il était assis à même le sol, entouré d’une montagne de livres, et rien qu’à voir l’intitulé de ses ouvrages vous pouvez gagner un affreux mal de crâne. Un point sur lequel Lexis aimait particulièrement taquiné son frère, lui qui n’aimait pas qu’on lui fasse des remarques sur ses études et sa facilité. Mais aujourd’hui elle n’avait pas envie de rire, quelque chose lui obstruait l’estomac depuis quelques temps et elle espérait que Nathaniel puisse l’aider. Pourtant elle était toujours aussi gênée, bloquée par elle ne savait trop quoi. Était-ce son frère qui en était la cause ? Non c’était impossible. Pas Nathaniel, son grand frère dont elle était si proche. Cependant…

« Qu’est-ce qui te tracasse cette fois ? » Un sourire. Si beau sourire.
« Mais rien ! Je voulais juste parler de… hum… » Flûte ! Elle ne savait pas comment aborder le sujet, ni même si elle en avait vraiment envie. Et elle n’avait pas préparé de roue de secours ! Lexis chercha rapidement une idée, promenant son regard sur la pièce à toute vitesse. « De grec ! Je voulais te parler de grec. » Évidemment..
« De grec ? Depuis quand tu t’intéresses au grec ancien toi ? » Si elle avait été dans son état normal Lexis aurait certainement hurlé de rire en voyant la tête que faisait le jeune homme en ce moment même.
« Bah disons que… hum… j’ai eu une envie soudaine de m’y intéresser. » Pour sûr, elle ne devait pas avoir l’air très convaincant.
« Lulla… » Il poussa un soupire. Mais Lexis ne préféra pas lui répondre, fuyant son regard. Mais Nathaniel glisse son index sous le menton de sa sœur, la forçant à croiser son regard. « Tu devrais le savoir maintenant que tu mens vraiment très très... » Une légère pause, il mima une expression de réflexion. « … très mal. »
« C’était pas la peine d’en rajouter. » Lui répondit-elle d’une tout petite voix.

Puis il se mit à rire, tellement rire qu’il en avait certainement mal au ventre. Situation que détestait Lexis, car à chaque fois que Nathaniel se moquait d’elle la demoiselle sentait irrémédiablement le rouge lui monter aux joues et elle détestait rougir devant son frère. Automatiquement elle se saisi de la première chose qui lui tomba sous la main, à savoir un énorme ouvrage de mathématiques, et fit mine de le lui coller sur la tête. Elle fut néanmoins stopper dans son élan, Nathaniel avait été plus rapide qu’elle et l’avait saisi par les poignets avant même qu’elle ne dirigea le manuel dans sa direction. Mais, emportés par son geste, ils basculèrent et Lexis se retrouva sur son frère, qui ne cessait de rire.

Doucement il reprit son souffle et ensuite ? Lexis ne s'en souvenait plus vraiment, les images se succédèrent rapidement dans sa tête, sans aucune cohérence. Ce dont elle se souvenait très bien c'était cette façon dont Nathaniel l'avait ensuite enlacé, de ce qu'elle avait ressenti au creux de son abdomen à ce moment-là. Et après c'était le vide total. Qui avait embrassé l'autre le premier ? Elle ? Lui ? Elle n'en savait rien et ne cherchait pas vraiment à le savoir. A cet instant précis tout était devenu clair dans sa tête : elle aimait son grand frère. Honteuse, elle s'était enfuie rapidement de la chambre, laissant derrière elle, un jeune homme qui avait lui aussi compris une chose qu'il ne soupçonnait pas. Après cela Lexis avait tenté tant bien que mal d'éviter Nathaniel mais, lui n'en décousait pas et quelques semaines plus tard il réussit à coincer sa soeur dans un coin alors qu'ils étaient seuls dans le manoir. Et il l'embrassa.

Ennui, ou un poison mortel qui, s'il le pouvait, tuerait bien les hommes. Et Lexis détestait l'ennui plus que tout, surtout si elle devait supporter cette chose dans une salle de classe - lieu dont elle se passerait bien s'il n'était pas un de ses seuls échappatoires. S'étirant de tout son long, ignorant le regard réprobateur de son professeur elle préféra ne plus faire d'effort pour suivre les idioties soporifiques de ce dernier - qu'elle n'aimait déjà pas beaucoup - et préféra vaquer à d'autres occupations. Tout ce qu'elle espérait en agissant de la sorte ce fut que son professeur la renvoie de son cours mais rien n'y faisait, il préféra l'ignorer et continuer tranquillement son cours. Sachant très bien que la demoiselle n'était pas de ceux qui se faisaient remarquer bruyamment en cours. Étrange non ? Quoiqu'il en soit Lexis dû finir l'heure comme n'importe quel étudiant, ce qui ne l'avait pas vraiment mise de bonne humeur.

Une fois la sonnerie retentit, elle ne se fit pas prier pour quitter cette prison et rejoindre au plus vite Ellen et Hayleen. Il ne lui fallut pas longtemps pour les retrouver, elles avaient leur point de rencontre à elles et mieux il valait mieux pour sa santé personnelle ne pas s'approcher de cet endroit. Souvent elles se posaient là, cours ou pas, souvent pour discuter parfois pour faire autre chose. Mais, cette fois Lexis ne jeta pas son sac avant de se poser bruyamment comme elle l'avait pris l'habitude de le faire, cette fois elle s'était stoppée à hauteur d'Hayleen et Ellen, gardant son sac à l'épaule et n'avait posé qu'une seule question :

« On met les voiles ? »
« Pas besoin de le demander deux fois ! » répondirent-elles à l’unisson, un large sourire aux lèvres.

Ni une, ni deux, ses deux amies s’étaient levées, avaient saisi leurs affaires et toutes les trois quittèrent l’université, sans se cacher mais prenant tout de même soin d’éviter toutes formes d’autorités.

« On va où aujourd’hui ? » demanda distraitement Hayleen
« Bonne question. »
« Et si on faisait quelque chose de neuf ? Ça nous changerait un peu. »
« Toi, t’as une idée derrière la tête. »
L’intéressée ne releva pas, se contentant d’un large sourire.
« Oh ! Aller ! Crache le morceau Ellen. »
« Disons que Liam m’a parlé d’une clairière qu’il a aperçue une fois en randonnée et apparemment se serait un chouette endroit pour bronzer et se la couler douce. »
« Forcément si c’est Liam qui dit. »
« Jalouse ! » répliqua-t-elle à Lexis tout en lui tirant la langue.
« Arrête de te faire des films ma vieille et emmène nous à ton petit coin de paradis. »
« Pff ces deux-là… EH ! Mais vous pourriez pas un peu m’attendre ?! »

Elles étaient restées longtemps à ne rien faire, allongées dans l'herbe, parlant de choses et d'autres. Puis soudainement Hayleen s'était redressée, dit à ses deux amies qu'elle croyait avoir l'impression qu'il y avait quelque chose un peu plus à l'ouest. Comment ? Elles n'en savaient rien mais Ellen se leva et se dirigea vers la direction indiquée, quelques secondes plus tard elle héla les deux autres, leur demandant de la rejoindre. Une vieille ruine, très vieille, se dressa là. Pourtant personne ne leur avait jamais parlé de cette chose, pas même Liam qui se promenait souvent dans le coin. Intriguées que personne ne l’eut jamais remarquée, les filles cherchèrent tout d’abord des indices sur les origines de ce vieux débris. Mais rien à en tirer. Elles n’allaient cependant pas abandonnées aussi vite et comme pour récompenser leurs efforts Lexis trouva enfin une brèche qui leur permettrait de pénétrer dans la bâtisse, après une bonne heure de recherche.

La suite des événements allaient changer la vie des londoniens à tout jamais. Leur curiosité - mais était-ce seulement cela ? - les avaient jusqu'au bout du long corridor. Comme par hasard Lexis fumait parfois et avait par conséquent toujours un briquet sur elle. Comme par hasard elles virent le vieux grimoire et eurent envie de le lire, ensemble. Déclenchant ainsi à nouveau la malédiction du des contes de Grimm. Au départ elles ne comprirent pas ce qui s'était passé, ni même pourquoi un souffle avait semblé les traverser juste après leur lecture, mais elles n'étaient restées guère plus longtemps après avoir fini leur petite lecture. Récupérant leurs sacs qu’elles avaient laissés dans la clairière, elles rentrèrent enfin chez elle. De toute façon les cours étaient finis depuis bien longtemps et puis même si ce n’avait pas été le cas elles n’y seraient surement pas retournées.

« Non s’il te plaît lâche moi… »
« Promet-le ! »
« Pro… promis je ne le dirais plus jamais… »
« Bien. Tu vois quand tu veux. »

Lexis quitta la pièce, laissant derrière elle le jeune homme sanglotant. Lexis ou plutôt Blanche, qui avait pris plein pouvoir sur la jeune étudiante. La princesse jubilait, elle était sur une personne bien plus intéressante que la dernière fois. Si proche et si différente à la fois. Pour sûre elle s’amuserait bien et cette fois il n’y aurait pas le vieux pour contrecarrer ses plans et les forcer à retourner dans ce bouquin poussiéreux. Lexis était allée retrouver ses amies et elle en profiterait pour retrouver Lisette, cette chère Lisette. Elle aimait bien Aurore, bien qu’un peu trop gentille à son goût. Enfin elles parviendraient surement à passer du bon temps dans cette ville. Blanche avait hâte.